L’histoire de Panache Petitgris

Il était une fois un petit écureuil gris, gras, et agréable qui s’appelait Panache Petitgris. Il habitait un nid couvert de feuilles, perché au sommet d’un grand arbre. Il avait épousé une petite dame écureuil appelée Amande.

Panache Petitgris était assis, profitant de l’air léger ; il agita sa queue et gloussa : « Ma bonne petite femme Amande, les noisettes sont mûres ! Il faut penser à nos provisions pour l’hiver et le printemps prochains. Amande Petitgris était occupée à calfater les fissures du nid avec de la mousse.

« Le nid est si douillet que nous dormirons profondément tout l’hiver.

– Alors, nous nous réveillerons beaucoup plus amaigris au printemps, quand il n’y a plus rien à manger nulle part ! » répondit le prudent écureuil.

Lorsque Panache et Amande Petitgris arrivèrent dans le fourré de noisettes, ils ont découvert que d’autres écureuils se trouvaient déjà sur la place.

Panache enleva sa veste et l’accrocha à une brindille. Ils se mirent tranquillement à la tâche.

Chaque jour, ils faisaient plusieurs voyages et finissaient par ramasser une bonne quantité de noix et de noisettes. Ils les emportaient dans de grands sacs, et les rangeaient dans plusieurs creux de souches d’arbres près de leur maison.

Quand ces souches furent pleines à ras bords, ils commencèrent à vider les sacs dans un trou en haut d’un arbre, qui avait appartenu autrefois à un pivert. Les noisettes se roulaient et s’entassaient à l’intérieur de l’arbre.

« Comment vas-tu faire pour les retirer de là ? C’est comme une tirelire, s’inquiétait Amande.

– Je serai beaucoup plus mince avant le printemps, ma belle ! répondit Panache Petitgris, lorgnant dans le trou. »

Ils ont collecté une énorme quantité de noisettes parce qu’ils ne les pas perdus. Les écureuils qui enfouissent leurs noix dans le sol en perdent généralement plus de la moitié, car ils ne se souviennent plus de l’endroit où ils les ont cachées.

L’écureuil le plus distrait de toute la forêt s’appelait Touffe d’Argent. Il avait enterré ses réserves, mais, il ne s’en souvenait plus où. Ensuite, il se mit de nouveau à creuser, et trouva des noix qui ne lui appartenaient pas; ainsi, il y a eu une bagarre. D’autres écureuils se mirent à creuser. Tout le bois était en émoi !

Malheureusement, juste à ce moment-là, une volée de petits oiseaux voltigeaient de buisson en buisson, à la recherche de chenilles vertes et d’araignées. Il y avait plusieurs espèces de petits oiseaux qui gazouillaient de différentes manières.

Le premier chantait : « Qui a déterré mes noix ? Qui a déterré mes noix ? »

Un autre fredonnait : « Un peu de pain et pas de fromage ! Un peu de pain et pas de fromage ! »

Les écureuils suivaient et écoutaient. Le premier petit oiseau vint se poser sur la brousse où Panache et Amande Petitgris attachaient tranquillement leurs sacs de noisettes. Il chanta : « Qui a déterré mes noix ? Qui a déterré mes noix ? »

Panache Petitgris continua son travail sans répondre. Dans tous les cas, le petit oiseau n’attendait pas de réponse. Il ne faisait que chanter sa chanson naturelle à lui, qui ne signifiait rien du tout.

Mais quand les autres écureuils ont entendu cette chanson, ils se précipitèrent sur Panache Petitgris, le griffèrent, le bousculèrent et renversèrent son sac de noisettes. Le petit oiseau, qui a provoqué cette scène innocemment, s’envola de frayeur !

Panache roula sur lui-même encore et encore, retomba sur ses pattes et s’enfuit vers son nid, poursuivi par une foule d’écureuils criant : « Qui a déterré mes noix ? »

Ils l’ont attrapé et l’ont traîné jusqu’au pied d’un grand arbre ; c’était exactement là où il y avait le petit trou de pivert. Ils l’ont poussé dedans. Le trou était beaucoup trop petit pour la silhouette de Panache Petitgris. Ils l’ont serré terriblement, c’était un miracle qu’ils ne lui aient pas brisé les os. « Nous allons le laisser ici jusqu’à ce qu’il avoue », a déclaré Touffe d’Argent, qui cria dans le trou :

« Qui-a-déterré-mes-noix ? »

Panache Petitgris n’a fait aucune réponse ; il était tombé à l’intérieur de l’arbre, sur l’épais tapis de ses propres noisettes. Etourdi par le choc, il gisait assez abasourdi et immobile.

Amande Petitgris a ramassé les sacs de noix et s’en revint à la maison. Elle a fait une tasse de thé pour Panache ; mais il tardait à arriver. Il n’est plus là.

Amande Petitgris a passé une nuit solitaire et malheureuse. Le lendemain matin, elle s’aventura dans les buissons de noix pour le chercher ; mais les autres écureuils méchants l’empêchèrent d’avancer.

Elle erra dans tout le bois, en appelant :

« Panache Petitgris! Panache Petitgris! Oh, où es-tu, Panache Petitgris ? »

Entre-temps, Panache Petitgris a repris ses esprits. Il se trouva tout endolori, blotti dans un petit lit de mousse. Il faisait sombre. Il pensa être sous terre. Panache toussa et gémit, car ses côtes lui faisaient mal. Il entendit un petit bruit, et vit surgir une lampe à huile suivie d’un jeune tamia au pelage rayé qui lui demanda s’il se sentait mieux.

Croquet le tamia était très gentil avec Panache Petitgris; il lui a prêté son bonnet de nuit ; et sa maison était pleine de provisions.

Le tamia expliqua qu’il avait plu des noix et des noisettes dans l’arbre : « En plus, j’en ai trouvé quelques-uns enterrés ! » Il a ri et glousser quand il a entendu l’histoire de Panache. Pendant que ce dernier était confiné au lit, Croquet l’a poussé à manger pour reprendre des forces. « Mais comment pourrais-je sortir de ce trou si je ne m’amincisse pas ? Ma femme doit être anxieuse ! – Juste une autre noisette, ou deux noix; laissez-moi les casser pour vous », a déclaré le tamia. Panache Petitgris est devenu de plus en plus gros !

Maintenant, Amande Petitgris s’était remise au travail toute seule. Elle ne mit plus de noix dans le trou du pivert, car elle avait toujours douté qu’on puisse les récupérer par la suite. Elle les cacha sous une racine d’arbre. Les noisettes tombaient en cascade en s’entrechoquant. Une fois, lorsqu’Amande a vidé un gros sac supplémentaire, il y a eu un grincement perçant. Quelques instants plus tard, Amande a apporté un autre sac plein pour le vider, un petit tamia rayé sortit promptement.

« Il se remplit parfaitement de haut en bas ; le salon est plein, elles roulent le long du couloir ; et mon mari, Croquet, qui m’abandonne ! M’expliquez-vous pourquoi ce déluge de noix ?

– Je suis vraiment désolée, je vous assure ; je ne savais pas que quelqu’un vivait ici, dit Mme Petitgris ; mais où est M. Croquet ? Mon mari, Panache Petitgris, est parti aussi. 

– Je sais où est Croquet ; un petit oiseau me l’a dit », déclara-t-elle.

Madame Croquet a ouvert la voie à l’arbre au pivert. Elles collèrent toutes les deux l’oreille contre le tronc.

En bas, il y avait un bruit de casse-noix, une voix d’un gros écureuil et celle d’un écureuil plus mince chantaient ensemble :

« Mon homme et moi, 

nous nous sommes disputés,

comment faire, pour régler l’affaire, régler l’affaire ?

Faites en sorte que tout s’apaise,

A Dieu ne plaise,

Qu’il reste là à me bouder ! »

« Vous pourriez vous faufiler, peut-être à travers ce petit trou, suggéra Amande Petitgris. 

– Oui, à coup sûr, mais vous savez, mon mari peut mordre ! »

En bas, il y avait un bruit de coquilles cassées et de grignotements. Puis, la grosse et la petite voix chantèrent à l’unisson :

« Vive la bonne chère, chère !

Tout le long de la journée,

Jusque-là, je m’en mettrai ! »


Après, Amande a jeté un coup d’œil dans le trou et a appelé : « Panache Petitgris ! Oh, Panache Petitgris! Est-ce toi qui fais tout ce tapage ? » Panache a répondu : « Est-ce toi, Amande ? Mais certainement, je suis là ! »

Il sortit la tête du trou pour l’embrasser ; mais il était si gros qu’il ne pouvait pas quitter l’arbre.

Croquet n’était pas trop gros, mais il ne voulait pas sortir ; il resta en bas à glousser.

Cela dura quinze jours jusqu’à ce qu’une grande tempête se leva ; le haut de l’arbre fut complètement arraché, le trou agrandi et laissait entrer la pluie.

Panache Petitgris put donc sortir et rentrer chez lui à l’abri d’un parapluie.

Mais Croquet, quant à lui, a continué à camper pendant une autre semaine, même si c’était inconfortable.

Enfin, un grand ours qui se promenait dans la forêt passa par là. Peut-être cherchait-il des noix, lui aussi ? 

Il semblait renifler.

Croquet est rentré se réfugier chez lui en toute hâte !

De retour chez lui, Croquet s’est rendu compte qu’il avait attrapé un rhume de cerveau ; et il se sentait de plus en plus mal foutu.

À partir de ce jour-là, Panache et Amande Petitgris gardèrent leur magasin de noix fermé avec un petit cadenas.

Et chaque fois que ce petit oiseau voit les tamias, il chante : « Qui a déterré mes noix ? Qui a déterré mes noix ? » Mais personne ne lui répond jamais !


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