Oncle Déglingué, le gentil vieux lapin, travaillait dans le jardin. Il réparait son aéronef. Ces derniers temps, il avait beaucoup volé avec. Il montait haut dans les nuages, volait sous la pluie, et une fois, il avait même traversé l’étang des canards, en atterrissant directement dans l’eau.
Mais avec toutes ces aventures, une des poignées du panier à linge, qui faisait partie de l’aéronef, s’était tordue et déformée. Quelques ballons de cirque miniatures avaient besoin d’être regonflés, et il y avait un trou dans le parasol japonais qui servait de toit pour protéger Oncle Déglingué du soleil.
« Oui, je dois réparer mon aéronef, » dit le lapin en travaillant. Il sifflait en même temps qu’il faisait frétiller son nez, comme une étoile par une nuit glaciale.
Et c’est très difficile à faire, vous savez ! Essayez de siffler tout en bougeant le nez. Vous verrez !.
« Avez-vous d’autres coussins de canapé que je pourrais prendre pour mon aéronef, Infirmière Jeanne ? » demanda Oncle Déglingué en entrant dans la maison. La rate musquée qui s’occupait de la maison faisait bouillir des carottes pour faire une tarte au citron.
« Des coussins de canapé ? » s’exclama Infirmière Jeanne Peluche. « Pourquoi avez-vous encore besoin de coussins ? »
« C’est pour faire un autre siège dans le panier à linge de mon aéronef, » répondit le lapin. « Vous voyez, j’ai de la place pour deux personnes, et peut-être même trois de mes amis animaux si on se serre un peu. Mais j’ai besoin de plus de coussins pour qu’ils atterrissent en douceur… au cas où on tomberait ! »
« Eh bien, je crois qu’il nous reste quelques coussins, » dit la dame rate musquée. « Mais, s’il vous plaît, ne les perdez pas. »
Oncle Déglingué promit qu’il ferait bien attention. Bientôt, son aéronef fut réparé et tout beau, avec deux sièges moelleux remplis de coussins. Puis il retourna dans la maison chercher un biscuit au navet, avec de la noix de coco saupoudrée dessous. Et très poliment, il demanda à Mademoiselle Peluche :
« Voulez-vous venir faire un tour dans mon aéronef, Infirmière Jeanne ? »
« Oh, mon Dieu, bonté divine ! Par mes moustaches de musaraigne ! » s’écria la dame rate musquée, toute surprise. « Non merci, sûrement pas ! J’aurais trop peur. »
« Il n’y a aucun danger, » dit Oncle Déglingué. Mais Infirmière Jeanne ne voulut pas monter dans l’aéronef. Alors, le lapin dut partir naviguer tout seul.

Il s’envola haut dans le ciel, regardant les cimes des arbres en dessous, mais il se sentait un peu seul. Oui, Oncle Déglingué était tout seul, et il aurait bien aimé avoir quelqu’un avec lui. Mais Charlie et Arabella Poussin, les enfants de la dame poule, étaient à l’école, tout comme Sammie et Susie Pompon, les lapins, et Jeannot et Bilou Queue-Touffue, les écureuils. En fait, Bully et Bawly Sans-Queue, les garçons grenouilles, et tous les enfants animaux étaient à l’école.
« Je crois que je ne trouverai personne pour voler avec moi aujourd’hui, » dit tristement Oncle Déglingué. Il était même allé rendre visite à Grand-Papa Oie-Oie, mais le vieil homme était parti à la pêche aux escargots. Docteur Possum, chez qui il passa aussi, était occupé à soigner des animaux malades. Alors, bien sûr, Docteur Possum ne pouvait pas venir.
Oncle Déglingué se sentait de plus en plus seul. Il pensait rentrer chez lui, quand, tout d’un coup, en bas sur le sol, il entendit quelqu’un dire :
« Oh, mon Dieu ! N’est-ce pas trop terrible ! Oh, une telle malchance ! Et ils ont besoin de ces choses pour la fête ! Oh, chagrin ! Quelle tristesse! Oh, quel malheur ! »
« Oh là là, quelqu’un a l’air d’avoir tout un panier de problèmes, et même un peu plus, » dit Oncle Déglingué, un peu surpris. « Il faut que je voie ce qui se passe. »
Il fit descendre son aéronef lentement vers le sol. Et là, le lapin vit le chat épicier livreur. Il se tenait près d’une vieille souche en regardant un panier cassé. Le panier, autrefois rempli de courses, était maintenant renversé, et tout était tombé par terre.
« Ah ! Qu’est-ce qui ne va pas, Tom ? » demanda Oncle Déglingué au chat épicier. Vous voyez, le chat s’appelait Tom, et il travaillait à livrer les courses de l’épicerie.
« J’ai tellement de problèmes, » dit Tom. « En marchant, la poignée de mon panier s’est cassée. Un des côtés s’est détaché, et toutes les courses sont tombées. »
« C’est vraiment embêtant, » dit gentiment Oncle Déglingué, en posant doucement son aéronef au sol.
« Et le pire, » continua Tom, le chat épicier, « c’est que le panier est complètement fichu. Je ne peux plus l’utiliser. Je n’en ai pas d’autre, et Madame Coin-Coin, la dame canard, attend ces provisions pour une fête qu’elle organise pour Lulu, Alice et Jimmie. Quelle malchance ! »
« Oui, mais ça pourrait être pire, » dit Oncle Déglingué d’un ton joyeux. « Rien n’est si grave qu’il ne pourrait pas être pire. »
« Je ne vois pas comment ça pourrait être pire, » dit Tom, le chat épicier. « Je ne peux pas livrer ces courses, et Madame Coin-Coin sera tellement déçue… Lulu, Alice et Jimmie aussi. »
« Oh, ça pourrait être bien pire, » rit le gentil lapin, tout en faisant frétiller son nez deux fois… puis encore une fois pour le plaisir. « Je n’aurais pu ne pas passer par ici avec mon aéronef pour t’aider. Mais me voilà, et je viens de mettre un nouveau siège rembourré dans le panier à linge, exprès pour offrir un tour à quelqu’un. »
« Monte avec moi et installe les courses dans mon aéronef. Ne t’occupe pas du panier cassé. Je vais t’emmener chez Madame Coin-Coin aussi vite que possible, et alors tu pourras lui livrer les courses. »
« Oh, que vous êtes gentil ! » s’écria Tom. En quelques secondes, il avait mis toutes ses courses dans l’aéronef d’Oncle Déglingué. Puis, ils s’installèrent tous les deux, et l’aéronef s’éleva, le ventilateur électrique tourna et bientôt, ils survolaient la maison de Madame Coin-Coin, la dame canard.
« Livraison de courses ! » cria Tom le chat, comme s’il était derrière la porte de service. Et quand Oncle Déglingué abaissa son aéronef, les provisions pour la fête furent déposées sur le perron arrière. Et la dame canard était surprise de voir ses courses arriver dans un aéronef ! Oui, elle était surprise ! Mais surtout, elle était ravie !
Tom, le chat épicier, remercia Oncle Déglingué encore une fois pour son aide. Puis, le lapin ramena Tom au magasin, où il reçut un nouveau panier, et tout le monde fut heureux.