Résumé

Cette histoire relate l'aventure de trois boucs de tailles différentes qui appartiennent à un fermier. Malgré l'avertissement du fermier sur la présence d'un troll sous un vieux pont en bois, les boucs sont attirés par l'herbe encore plus verte de l'autre côté de la rivière. Chacun à son tour, les boucs traversent le pont, affrontant le troll qui cherche à les dévorer. Le petit bouc et le bouc du milieu se jouent de la cupidité du troll en le persuadant d'attendre leur grand frère, promettant un repas plus copieux. Lorsque le grand bouc arrive, il affronte le troll courageusement et le propulse dans la rivière d'un coup de cornes grâce à sa force, libérant ainsi le chemin pour ses frères. Cette victoire permet aux trois boucs de profiter de l'herbe savoureuse de la prairie en toute tranquillité, effrayant les autres trolls qui fuient les ponts. L'histoire illustre les thèmes de l'astuce et du courage utilisant une narration simple et engageante pour captiver l'imagination des jeunes lecteurs.

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Il était une fois un fermier qui possédait trois boucs. Le premier était petit, le deuxième un peu plus grand, et le troisième, très grand et costaud. Quand l’été arrivait, le fermier menait ses boucs à la montagne. Là-bas, une vaste prairie s’étendait, couverte d’une herbe tendre, d’un vert éclatant, et incroyablement juteuse.

Près de la prairie, une rivière scintillait sous le soleil, traversée par un vieux pont de bois. Mais avant de laisser ses animaux paître, le fermier leur avertit sévèrement : « Ne traversez jamais ce pont et restez loin de lui ! »

Les petits boucs, intrigués, demandèrent : « Mais pourquoi ? De l’autre côté de la rivière, l’herbe se montrait encore plus verte et savoureuse.

Le fermier fronça les sourcils et répondit d’une voix grave : « Un méchant troll vit sous ce pont. Si vous essayez de le traverser, il vous attrapera. Restez ici, et profitez de l’herbe de ce côté-ci, elle est si bien suffisante pour vous trois. »

En effet, sous ce vieux pont vivait un troll affreux et méchant. Mais ce n’était pas sa faute : les trolls étaient tous ainsi, laids et malveillants, qui vivaient sous les ponts. Ils étaient convaincus que le pont leur appartenait, même s’ils ne l’avaient pas construit.

Ce jour-là, les trois boucs, attirés par l’herbe plus verte et plus savoureuse de l’autre côté de la rivière, ne pouvaient plus résister à la tentation. Ils ont donc mis au point un plan pour arriver sur l’autre rive.

Le plus petit bouc s’avança courageusement sur le pont. Ses petites pattes faisaient un clip clop sur les vieilles planches. À peine avait-il fait quelques pas qu’un énorme rugissement retentit. Le troll, toujours aux aguets, entendit le bruit. Furieux, il surgit de sa cachette, ses grands yeux rouges flamboyant de colère.

« Qui ose marcher sur mon pont ? » hurla-t-il, sa voix grave résonnant comme un tonnerre.

Le petit bouc répondit calmement : « C’est moi, le plus petit des boucs. Je vais marcher de l’autre côté pour manger de l’herbe verte. »

Le troll montra ses horribles dents noires en grognant : « Alors, je vais te trouver et te manger ! »

Le petit bouc, bien que tremblant un peu, répondit d’une voix vive et maligne : « Oh non, ne fais pas ça ! Si tu veux un vrai festin, attends mon grand frère. Il est beaucoup plus dodu. Regarde-moi, je suis si petit et maigre ! J’avais juste la peau sur les os ! »

Le troll plissa les yeux et examina le petit bouc. C’était vrai, il n’avait pas l’air appétissant, et ne semblait pas de taille de remplir un estomac affamé. « Ton grand frère vient ? » demanda-t-il en fronçant ses sourcils épais. « Oui, il arrive juste après moi, » répondit le petit bouc avec assurance. « Alors dépêche-toi de partir », dit le troll en libérant le petit bouc.

Le troll, rassasié d’attente, s’était recroquevillé dans son repaire lorsqu’un autre clip clop résonna sur le pont. « Qui ose marcher sur mon pont ? » grogna-t-il. 

Le bouc du milieu répondit d’un ton ferme : « C’est moi, un bouc, et je vais de l’autre côté pour me régaler d’herbe verte. »

Le troll éclata d’un rire sinistre. « Ah, toi, tu seras mon dîner ! » cria-t-il en bondissant en dehors de son abri.

Mais le bouc du milieu, malin à sa manière, répondit calmement : « Eh bien, si tu me manges, tu es bien évidemment très bête. » Le troll plissa ses gros sourcils, intrigué et s’interrogea : « Comment ? »

« Mon grand frère va lui aussi traverser le pont, » expliqua le bouc. « Et il est bien plus gros et juteux que moi. Un vrai festin pour quelqu’un comme toi. » Et c’était tout à fait la concrète vérité.

Le troll, d’un air méfiant, demanda en pensant être le plus malin troll au monde : « D’accord, mais comment puis-je être certain que ton grand frère va vraiment traverser ce pont ? Peut-être que tu me racontes des mensonges ! » 

Le bouc du milieu répondit d’un ton rassuré : « Eh bien, cela me semble évident. Regarde cette herbe de l’autre côté, elle est bien plus verte et juteuse. Bien sûr qu’il voudra la savourer, comme nous tous ! » Et en attendant, il traversa en toute sécurité le pont.

Le troll, bien caché sous le pont, entendit soudain des pas lourds qui faisaient trembler les planches. Le vieux pont grinça et craqua sous le poids. Le troll, ravi, se lécha les lèvres.

« Enfin, mon dîner est arrivé ! » pensa-t-il avec impatience, l’eau à la bouche.

Sursautant hors de sa cachette, il hurla : « Qui ose marcher sur mon pont ? »

Le grand bouc s’arrêta et le fixa de ses yeux calmes mais perçants. De sa voix grave, il répondit : « C’est moi, un grand bouc. Je vais de l’autre côté pour remplir mon gros ventre avec l’herbe délicieuse et juteuse qui s’y trouve. »

« Je crois que c’est moi qui vais me régaler ce soir ! » cria le troll avec enthousiasme. « Et c’est parce que je vais te manger ! » 

Mais il n’avait pas imaginé à quel point ce bouc était gigantesque. Dès qu’il bondit hors de sa cachette, prêt à attaquer, le bouc baissa la tête et, d’un puissant coup de cornes, l’envoya voler dans les airs, puis, il atterrit directement dans la rivière.

Malheureusement pour lui, le troll ne savait pas nager. Le courant rapide l’emporta, et il disparut au loin. Où est-il allé ? Nul ne le sait, car il ne revint jamais.

Quand les autres trolls apprirent les nouvelles, la peur les gagna. Ils abandonnèrent tous les ponts qu’ils habitaient, terrifiés à l’idée de finir comme leur malheureux compagnon.

Depuis ce jour-là, les trois boucs, quant à eux, profitèrent joyeusement de l’herbe verte et juteuse de l’autre côté de la rivière, en paix pour toujours.