Porcinet rencontre un Éfélant

Un jour, alors que Jean-Christophe, Winnie l’Ourson et Porcinet discutaient tous ensemble, Jean-Christophe a terminé la bouchée qu’il mangeait et a dit négligemment : « J’ai vu un Éfélant aujourd’hui, Porcinet. »

« Que faisait-il ? » demanda Porcinet.

« Juste, il se baladait, » a déclaré Jean-Christophe. « Je ne pense pas qu’il m’ait vu. »

« J’en ai vu un une fois, » a déclaré Porcinet. « Du moins, je pense que je l’ai fait, » a-t-il ajouté. « Mais, peut-être que ce n’était pas le cas. »

« Moi aussi, » dit Ourson, se demandant à quoi ressemblait un Éfélant.

« On ne les voit pas souvent, » dit négligemment Jean-Christophe.

« Pas maintenant, » dit Porcinet.

« Pas à cette période de l’année, » dit Ourson.

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Ensuite, ils ont tous parlé d’autre chose, jusqu’à ce qu’il soit le temps pour Winnie et Porcinet de rentrer ensemble chez eux. Au début, alors qu’ils avançaient en trébuchant le long du sentier qui bordait le Bois des Cent Acres, ils ne se dirent pas grand-chose ; mais lorsqu’ils arrivèrent au ruisseau, qu’ils s’étaient entraidés pour traverser les marches et qu’ils avaient pu de nouveau marcher côte à côte sur la bruyère, ils se mirent à parler amicalement de ceci et de cela.

Porcinet a dit : « Si tu vois ce que je veux dire, Ourson. »

« C’est juste ce que je pense moi-même, Porcinet, » a répondu Ourson.

« Mais, d’un autre côté, Ourson, nous devons nous souvenir, » a dit Porcinet.

« Tout à fait vrai, Porcinet, même si je l’avais oublié pour le moment. »

Puis, dès qu’ils arrivèrent aux Six Pins, Ourson se retourna pour s’assurer que personne n’écoutait. Ainsi, il a dit d’une voix très solennelle :

« Porcinet, j’ai décidé quelque chose. »

« Qu’as-tu décidé, Ourson ? »

« J’ai décidé de chasser un Éfélant. »

Ourson a hoché la tête plusieurs fois en disant cela en attendant que Porcinet dise ‘Comment ?’ ou ‘Ourson, tu ne peux pas !’ ou quelque chose de semblable. Cependant, Porcinet n’a rien dit. En effet, Porcinet souhaitait y avoir pensé en premier.

« Je vais le faire, » dit Ourson, après avoir attendu un peu plus longtemps, « en utilisant un piège. Ça devrait être un piège rusé, alors, tu devrais m’aider, Porcinet. »

« Ourson, » dit Porcinet, se sentant à nouveau très heureux, « je le ferai. » Ensuite, il a ajouté : « Comment allons-nous le faire ? » Alors, Ourson l’a répondu : « Voilà, c’est ça. Comment ? » Donc, ils se sont assis ensemble pour y réfléchir.

La première idée d’Ourson était de creuser une fosse très profonde, puis l’Éfélant arriverait et tomberait dans la fosse, et…

« Pourquoi ? » dit Porcinet.

« Pourquoi quoi ? » dit Ourson.

« Pourquoi tomberait-il dedans ? »

Ourson frotta son nez avec sa patte et dit que l’Éfélant pourrait marcher, fredonnant une petite chanson et regardant le ciel, se demandant s’il allait pleuvoir. Ainsi, il ne verrait pas la fosse très profonde jusqu’à ce qu’il soit arrivé à mi-chemin, au moment où tout serait trop tard.

Porcinet a dit que c’était un très bon piège, mais supposons qu’il pleuvait déjà ?

Ourson frotta à nouveau son nez et dit qu’il n’avait pas pensé à cela. Puis, il s’égaya et dit que, s’il pleuvait déjà, l’Éfélant regarderait le ciel en se demandant s’il s’éclaircirait. Ainsi, il ne verrait pas la fosse très profonde avant d’être à mi-chemin… Au moment où tout serait trop tard.

Porcinet a dit que, maintenant que ce point avait été expliqué, il pensait que c’était un piège rusé.

Ourson était tellement fier quand il a entendu cela qu’il a senti que l’Éfélant était déjà presque attrapé. Mais, il y avait juste encore une chose à laquelle il fallait penser, c’était la suivante. Où doit-on creuser la fosse très profonde ?

Porcinet a dit que le meilleur endroit serait quelque part où se trouvait un Éfélant, juste avant qu’il tombe dedans, à environ un pied plus loin.

« Mais alors, il pourrait nous voir creuser, » a déclaré Ourson.

« Non, pas s’il regardait le ciel. »

« Il en soupçonnerait, » a déclaré Ourson, « s’il regardait en bas. » Il a réfléchi longuement puis ajouta tristement : « Ce n’est pas aussi facile que je le pensais. Je suppose que c’est pour cette raison que les Éfélants sont rarement attrapés. »

« C’est sûrement ça, » réclama Porcinet.

Ils ont poussé un gros soupir et se sont levés. Quand ils eurent ôté quelques piquants d’ajoncs, ils s’assirent ; et tout le temps Ourson se disait : « Si seulement je pouvais penser à quelque chose ! » En effet, il était sûr qu’un tel Cerveau de telle Intelligence pourrait attraper un Éfélant si seulement il savait comment faire.

« Suppose, » a-t-il révélé à Porcinet, « que tu veux m’attraper, comment ferais-tu ?

« Eh bien, » a répondu Porcinet, « je ferais comme ce qui suit. Je ferais un piège tout d’abord, ensuite, je mettrais un pot de miel dans le piège, puis, tu le sentirais et tu irais le chercher, et…

« Et j’irais le chercher, » dit Ourson avec enthousiasme, « mais, très soigneusement pour éviter de me blesser. Puis, j’arriverais jusqu’au le pot de miel, ainsi, je lécherais d’abord les bords, comme s’il n’y en avait plus, tu comprends. Ensuite, je devrais m’éloigner pour réfléchir un peu, après, je devrais revenir et commencer à lécher le fond du pot, et…

« Oui, eh bien, ne te soucis pas de ça. Tu serais là, et je t’attraperais. Maintenant, la première chose à laquelle il faut penser est, que préfèrent les Éfélants ? Je devrais penser aux glands, et toi ? Nous aurons beaucoup de… Je dis, réveille-toi, Ourson ! »

Ourson, qui était tombé dans un rêve heureux, s’est réveillé en sursaut en disant que le Miel était une chose beaucoup plus trappeuse que les glands. Porcinet n’était pas de même avis. Ils étaient sur le point de se disputer à ce sujet, jusqu’à ce que Porcinet se souvienne d’une chose : en mettant des glands dans le piège, on devrait d’abord les trouver. Cependant, en mettant du miel, Ourson devrait abandonner seulement une partie de son propre miel. Donc, il a dit : « Bien, du Miel alors, » juste au moment où Ourson s’en souvenait aussi de la même chose, et se supposait dire : « Bien, des glands.

« Miel, » se dit Porcinet d’un air pensif, comme si la décision était prise. « Je creuserai la fosse pendant que tu chercheras le miel.

« Très bien, » dit Ourson, et il s’en alla.

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Dès qu’il rentra chez lui, il se précipita au garde-manger, il se tenait sur une chaise, prit un très grand pot de miel de l’étagère du haut. Il portait la mention ‘Miel’ écrite dessus. Mais, pour vérifier ceci, il a enlevé la couverture et a regardé dedans. Ça ressemblait absolument au Miel. « Mais, on ne peut jamais en savoir, » a déclaré Ourson. « Je me souviens que mon oncle a dit un jour qu’il avait vu du fromage de cette couleur. » Alors, il a mis sa langue dedans, et il a pris une grande lèche. « Oui, » dit-il, « c’est certainement ça. Le miel, je dois dire, jusqu’au fond du pot. À moins, bien sûr, que quelqu’un ait mis du fromage au fond juste pour plaisanter. Je devrais, peut-être, aller un peu plus loin… au cas où… au cas où les Éfélants n’aimeraient pas le fromage… comme moi… Ah ! » Puis, il poussa un profond soupir. « J’avais raison. C’est du miel, jusqu’en bas. »

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Une fois qu’il en fut certain, il a rapporté le pot à Porcinet, et Porcinet leva les yeux du fond de sa fosse très profonde et dit : « Est-ce que c’est bon ? » Ourson l’a répondu : « Oui, mais ce n’est pas tout à fait un pot plein, » ensuite, il l’a jeté à Porcinet, et Porcinet l’a réclamé : « Non, ce n’est pas bon ! C’est tout ce qu’il te reste ? » Ourson l’a répliqué : « Oui » Comme c’était le cas. Alors, Porcinet a posé le pot au fond de la Fosse, il en sortit et rentra avec Winnie ensemble chez eux.

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« Eh bien, bonne nuit, Ourson, » dit Porcinet, quand ils arrivèrent à la maison de Winnie l’Ourson. « Nous nous retrouverons demain à six heures du matin auprès des Pins afin de voir combien d’Éfélants nous aurons dans notre piège. »

« À six heures, Porcinet. As-tu une ficelle ? »

« Non. Pourquoi veux-tu de la ficelle ? »

« Pour les conduire à la maison. »

« Oh ! … Je pense que les Éfélants viennent si tu siffles. »

« Certains le font et d’autres non. On ne peut jamais le dire avec les Éfélants. Eh bien, bonne nuit ! »

« Bonne nuit ! »

Porcinet a trotté en retournant chez lui TRESPASSERS W, pendant que Winnie Ourson se préparait à se coucher.

Quelques heures plus tard, juste au moment où la nuit commençait à s’écouler, Ourson se réveilla soudainement avec un sentiment de grand malaise. Il avait déjà eu ce sentiment auparavant. Il savait, en effet, ce que cela signifiait. Il avait faim. Alors, il est allé au garde-manger, il s’est tenu sur une chaise pour atteindre l’étagère du haut. Toutefois, il n’a rien trouvé.

« C’est drôle, » pensa-t-il. « Je sais que j’avais un pot de miel là-bas. Un pot plein, plein de miel juste en haut, il y portait la mention ‘MIEL’ écrite sur une étiquette dessus, pour que je sache qu’il s’agissait du miel. C’est très drôle. » Puis, il s’est mis à rechercher en haut et en bas, se demandant où était-il et en murmurant des murmures à lui-même. Comme ça :

C’est très, très drôle,

Parce que je sais que j’ai eu du miel ;

Parce qu’il y avait une étiquette dessus,

Dire MIEL.

Un délicieux plein pot aussi,

Et je ne sais pas où il en est,

Non, je ne sais pas où il est parti

Eh bien, c’est drôle.

Il s’était murmuré cela trois fois d’une manière chantante, quand il se souvint soudainement qu’il l’avait mis dans le piège rusé pour attraper l’Éfélant.

« Dommage ! » dit Ourson. « Tout vient du fait que l’on essaye d’être gentil avec les Éfélants. » Et il s’est remis au lit.

Mais, il ne pouvait pas dormir. Plus il essayait de dormir, plus il n’y arrivait pas. Il a essayé de compter les moutons, ce qui est parfois un bon moyen de s’endormir, et comme cela ne servait à rien, il a essayé de compter les Éfélants. C’était pire. En effet, chaque Éfélant qu’il comptait se dirigeait vers un pot de miel de Winnie et le mangeait tout. Pendant quelques minutes, il resta là misérablement, mais quand le cinq cents quatre-vingt-septième Éfélant se léchait les mâchoires et se disait : « Très bon miel, je ne sais pas quand j’ai goûté de mieux », Winnie ne pouvait plus le supporter. Il sauta du lit, et sortit de la maison en courant vers la direction des Six Pins.

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Le Soleil était encore couché, mais il y avait une légèreté dans le ciel au-dessus du Bois des Cent Acres qui semblait indiquer qu’il se réveillait et qu’il allait bientôt se débarrasser de ses vêtements. Dans la pénombre, les pins semblaient froids et solitaires, la fosse très profonde semblait plus profonde qu’elle ne l’était, et le pot de miel de Winnie Ourson au fond était quelque chose de mystérieux, une forme et rien de plus. Mais, à mesure qu’il s’en approchait, son nez lui apprit que c’était bien du miel, et sa langue sortit et commença à polir sa bouche, prêt pour cela.

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« Dommage ! » dit Ourson, alors qu’il mettait son nez à l’intérieur du pot. « Un Éfélant l’a mangé ! » Puis, il a réfléchi un peu et a dit : « Oh, non, je l’ai fait. J’ai oublié. »

En fait, il en avait presque tout mangé. Mais, il en restait un peu au fond du bocal, alors, il y enfonça la tête et se mit à lécher…

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Peu à peu, Porcinet s’est réveillé. Ainsi, il s’est dit : « Oh ! » Puis il dit courageusement : « Oui, » puis, encore plus courageusement : « Tout à fait. » Mais, il ne se sentait pas très courageux, car le mot qui trottinait vraiment dans son cerveau était ‘Éfélants’.

À quoi ressemblait un Éfélant ?

Était-il féroce ?

Vient-il quand tu siffles ? Comment venait-il ?

Était-il un passionné de cochons ?

S’ils aimaient les cochons, alors faisait-il une différence, le type de cochon ?

En supposant qu’il soit Féroce avec les cochons, cela ferait-il une différence si le cochon avait un grand-père appelé TRESPASSERS WILLIAM ?

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Il ne connaissait la réponse à aucune de ces questions… et il allait voir son premier Éfélant dans environ une heure !

Bien sûr, Ourson serait avec lui, c’était beaucoup plus amical à deux. Mais supposons que les Éfélants soient très féroces avec les cochons et les ours ? Ne serait-il pas préférable de prétendre qu’il avait mal à la tête et qu’il n’a pas pu monter aux Six Pins ce matin ? Mais, supposons alors que c’était une très belle journée, et qu’il n’y avait pas d’Éfélant dans le piège, il restait au lit toute la matinée, perdant simplement son temps pour rien. Que devrait-il faire ?

C’est alors qu’il eut une idée géniale. Il monterait très silencieusement aux Six Pins maintenant, jetterait un coup d’œil très prudent dans le Piège et verrait s’il y avait un Éfélant là-bas. S’il y en avait, il retournerait au lit, et s’il n’y en avait pas, il ne le ferait pas.

Alors, il est parti. Au début, il pensait qu’il n’y aurait pas d’Éfélant dans le Piège, puis il pensait qu’il y en aurait. En s’approchant, il était sûr qu’il y en aurait, parce qu’il pouvait l’entendre en parler comme n’importe quoi.

« Oh, dieu, oh, mon dieu, oh, mon dieu ! » se dit Porcinet. Et il voulait s’enfuir. Mais, d’une manière ou d’une autre, étant arrivé si près, il sentit qu’il devait juste voir à quoi ressemblait un Éfélant. Alors, il s’est glissé sur le côté du Piège et a regardé à l’intérieur…

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Pendant tout ce temps, Winnie l’ourson avait essayé de se débarrasser du pot de miel de sa tête. Plus il la secouait, plus elle collait fermement.

« Dommage ! » dit-il, à l’intérieur du bocal, « Oh, au secours ! » et, surtout, « AÏE ! » Il a essayé de le cogner contre des choses, mais comme il ne pouvait pas voir contre quoi il le cogne, ça ne l’a pas aidé. Ainsi, il essaya de grimper hors du Piège, mais comme il ne voyait rien d’autre que le pot, et pas grand-chose de cela, il ne trouva pas son chemin. Alors, enfin, il leva la tête, le pot et tout, et fit un bruit fort et rugissant de tristesse et de désespoir … C’est à ce moment-là que Porcinet baissa les yeux et regarda en bas.

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« Au secours ! » s’écria Porcinet, un Éfélant, un Horrible Éfélant ! » et il s’enfuit aussi fort qu’il le pouvait, criant toujours : « Au secours, au secours, un Herrible Éfélant ! Off, Eff un Hellible Éfélant ! Eff, Eff, un Éfollant ! » Après, il n’a pas arrêté de pleurer et de gambader jusqu’à ce qu’il arrive chez Jean-Christophe.

« Quel est le problème, Porcinet ? » dit Jean-Christophe, qui venait de se lever.

« Éff, » dit Porcinet, respirant si fort qu’il pouvait à peine parler, « un Éff, un Éff, un Éfélant. »

« Où ? »

« Là-haut, » dit Porcinet en agitant la patte.

« À quoi cela ressemblait-il ? »

« Comme… comme… Il avait la plus grosse tête que vous ayez jamais vue, Jean-Christophe. Une chose énorme, comme… comme rien. Un énorme gros… enfin, comme un… je ne sais pas… comme un énorme rien… un pot. »

« Eh bien, » dit Jean-Christophe en mettant ses chaussures, « je vais aller le voir. Viens. »

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Porcinet n’avait pas peur s’il avait Jean-Christophe avec lui, alors ils sont partis…

« Je peux l’entendre, pas vous ? » dit Porcinet anxieusement, alors qu’ils s’approchent.

« J’entends quelque chose, » a déclaré Jean-Christophe.

C’était Ourson qui se cognait la tête contre une racine d’arbre qu’il avait trouvée.

« Là ! C’est horrible, n’est-ce pas ? » dit Porcinet en tenant fermement la main de Jean-Christophe.

Tout à coup, Jean-Christophe s’est mis à rire… il a ri… ri… et ri. Aussi, pendant qu’il riait encore, Crash frappa la tête d’Éfélant contre la racine de l’arbre, Smash frappa le pot, et la tête de Winnie Ourson ressortit à nouveau…

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Puis, Porcinet a vu à quel point il avait été un fou Porcinet, et il avait tellement honte de lui-même qu’il a couru directement chez lui et s’est couché en ressentant du mal à la tête. Mais, Jean-Christophe et Ourson sont rentrés chez eux pour prendre leur petit-déjeuner ensemble.

« Oh, Ourson ! » dit Jean-Christophe. « Comme je t’aime ! »

« Moi aussi, » répondit Ourson.


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